Escale sur l’île des Dieux, Bali l’enchanteresse



Iles - Lieux de l'Art et de l'errance | Martine Estrade | Literary Garden

Une île est souvent un pôle spirituel et, à l’ombre et à la lumière de la cathédrale Notre-Dame, l’île Saint-Louis n’échappe pas à cette destinée qui la rapproche de l’âme d’une île située à 15OOO kms, Bali. Bali, creuset depuis des millénaires des arts, des cultures différentes et des traditions religieuses. Comme si, toujours, les eaux devaient ramener à l’île élue des Dieux arts, poésie, culture et religions. Bali nonchalante et pacifiste, jamais guerrière, où les habitants consacrent le tiers de leur temps, huit heures au minimum à honorer le panthéon de leurs dieux sous forme d’arts : musique, danse, peinture, sculpture, poésie. Activité quotidienne, accomplie avec joie et humilité, quel que soit le nombre de touristes.

Sous le ciel balinais, peuplé d’une infinité de cerfs volants géants, représentations poétiques ludiques d’anciens dragons mythiques qui aujourd’hui encore peuplent les légendes de l’île, le temps semble s’être arrêté pour l’éternité.

A l’abri de la barrière de corail de Sanur, se tiennent debout, immobiles comme des statues, une multitude de pêcheurs à la ligne coiffés de chapeaux chinois.

Dans un pavillon de jardin, une femme souriante aux gestes lents et rêveurs égrène des doigts les corolles blanches du frangipanier, les boutons oranges des oeillets d’inde et les fleurs rouges des hibiscus en une symphonie colorée d’offrandes rituelles sans cesse renouvelées sur les temples et dans les demeures, aux dieux domestiques et à la déesse des mers.

Au Tanjung-sari, demeure d’un prince, les petites filles entre 5 et 13 ans s’initient en toute saison à la danse legong, danse cérémoniale qui, comme toutes les représentations balinaises figure la dualité du Bien et du Mal. L’enfant a huit ans, elle est professionnelle, comme l’étaient sa mère professeur et sa grand-mère. La danse est filiation semi-divine.

Le son d’un gamelan s’élève, la gamme pentatonique se déploie en litanie, légère. Les fillettes ondulent. Leurs pieds campés à plat sur le sol prennent des appuis élastiques. Satu, du,a tiga, empa..(un, deux trois quatre..) Les bras légers s’élèvent, les mains s’animent, les doigts s’écartent comme des éventails célestes, les yeux roulent, la tête oscille sur son axe. Le professeur, visage serein irradié de lumière suit le mouvement, modifie la cambrure d’un dos, l’ouverture du bras, la tenue de la tête : la petite fille, alors, devient une ombre colorée, prête à s’élever.

Sur l’estrade en teck au bord de la mer,, douceur et violence s’appellent l’une l’autre en un cycle litanique sur les légendes du Ramayana. Le temps se suspend entre ciel et eau.

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