Haiku - De la fin de l’hiver et de l’avant-printemps
Autour du nouvel an chinois à Paris, 2004. L’Haiku constitue un arrêt sur image, la brièveté des vers conduit aux phrases nominales saturées en images. Ce bain sensoriel a un effet apaisant, réflexif.
Près du bouddha Noir
Les fleurs roses pâles du pêcher
Flocons de printemps
Eau de boue des crues
la fleche sombre de notre Dame
dans le ciel si seule
Berge désertée
Silhouettes tortueuses des arbres
Cri strident des mouettes.
Verte emmitouflée
Au balcon, défiant le gris
La jacinthe épie
Crête d’écume de l’eau
Bouées d’oiseaux blancs sur la seine
Le temps les attend
Fruits ronds ou oblongs
Le jaune des colliers de fleurs
Sur l’autel oracle
Du lotus la fleur
Dans le miroir de Guanyin
Hésite, réfléchit
Année de douceur,
Hong Bao de rouge et d’or
D’amertune aucune
Esprits malfaisants
Pétarade du nouvel an
Déroute, égarement
Confettis chinois
bitume jonché amarante
marée sous les pas
Zinc miroir du ciel
Vacillement de la mémoire
Mugissement du vent
Bourgeon sur le saule
Mort annoncée de l’hiver
Vert cru du réveil.
Chant étourdissant
Folie des oiseaux le soir
Gaieté décalée.
Crocus au jardin
Au commencement est le bleu
Le ciel sous les pas.
Crépuscule plus tard
Source vive de la lumière
Satin blanc du jour
Rivages inconnus
Plages de l’errance retrouvée
Le courant divague.