Rome : L’île Tibérine, refuge de la souffrance au sein de la ville éternelle



Iles - Lieux de l'Art et de l'errance | Martine Estrade | Literary Garden

Iles - Lieux de l'Art et de l'errance | Martine Estrade | Literary Garden

Iles - Lieux de l'Art et de l'errance | Martine Estrade | Literary Garden

Certaines îles sont dévolues à recueillir la souffrance, à héberger des groupes sociaux qui n’ont plus leur place dans la société et à les maintenir à l’écart, qu’il s’agisse de malades contagieux comme les lépreux, de prisonniers dangereux comme dans les bagnes célèbres.

La seule île de Rome, ne fut pas habitée avant le Moyen-Age du fait des crues autrefois violentes du Tibre qui expliquent la hauteur de ses ponts. Un temple dédié à Esculape dieu de la médecine y fut édifié au IIè siècle avant JC. Plus tard, on y mit les malades en quarantaine, enfin, l’on construisit le grand hôpital qui y siège aujourd’hui encore.


Iles - Lieux de l'Art et de l'errance | Martine Estrade | Literary Garden

Elle fut de longue date, entourée de prisons et de lieux de culte. Sur l’autre rive, face au pont rompu, la Chiesa San Nicola in Carcere construite au VII è siècle avec les restes de trois temples païens offre l’accès aux ruines souterraines de ces temples. Une enfilade de ruelles, boutiques, cellules de prison (le lieu servit autrefois de prison) débouche sur une crypte dans laquelle une chapelle paléochrétienne contient quelques ossements humains.

Près de l’église, face à l’île, le théâtre di Marcello pouvait, sous les romains accueillir 15000 personnes. Il était alors un lieu de spectacle prisé. On dit qu’il inspira les plans du futur Colisée. Palais privé greffé au théâtre depuis le XVI è siècle, l’édifice marque la frontière avec le guetto et une synagogue lui ait face dans la via Octavia.


Iles - Lieux de l'Art et de l'errance | Martine Estrade | Literary Garden

l’Ilot quasi désert ,réservé aux souffrants de la société et cerné depuis l’antiquité de lieux de culte et de spectacle s’érige ainsi avec sa force de paradoxe au sein de la triomphale ville éternelle . L’âme du Tibre y est elle étrangère ?

Zola fut impressionné par le fleuve lors de son Voyage à Rome : « on voit couler le Tibre lourd et lent dans les reflets éclairés. Le poids ; la couleur de plomb de ce fleuve dans les ténèbres, l’immense tristesse, la fatigue séculaire, la pesante vieillesse, l’envie de néant que ce Tibre antique et glorieux qui semble ne plus rouler que la mort d’un monde. Le bruit de l’égout, monotone et sinistre. Pas une barque, pas une vie, un fleuve de l’enfer un fleuve d’ombre et de néant…un de jour, l’autre de nuit... donnant la suprême note de tristesse et d’abandon »


Iles - Lieux de l'Art et de l'errance | Martine Estrade | Literary Garden

Autour de l’ile Tibérine, Rome l’éternelle, la magnifique s’origine en son centre obscur, refuge de la souffrance, quartier des prisonniers, guetto, lieux de culte et de spectacle.

Humaine, trop humaine…

< Retour