Berlin : culture, « ostalgie » et métamorphoses



Villes - Lieux de l'Art et de l'errance | Martine Estrade | Literary Garden
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Au bord de la spree, près de la Friedrichstrasse, le Berliner Ensemble joue toujours des œuvres de l’illustre dramaturge qui le fonda en 1948, Berthold Brecht. Le poète s’était exilé en 1933 dès l’arrivée d’Hitler au pouvoir et décida de rentrer en Allemagne côté Est dès la fin de la guerre. Il repose aujourd’hui à l’abri d’un mur de brique rouge, dans une tombe discrète couverte de végétation avec sa compagne l’actrice Hélène Wiegel dans le délicieux cimetière de Dorotheenstädtischer Friedhof, attenant à la petite maison qu’ils occupaient ensemble.


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A quelques mètres de sa sépulture se trouve celle du philosophe Hegel.

Témoin de la force du symbole que représentait l’artiste, sa tombe fut à nouveau profanée en 1990. La demeure de l’auteur abrite aujourd’hui un centre culturel, les archives du dramaturge, une cave-restaurant émouvante meublée d’objets et d’accessoires provenant du du Berliner Ensemble , décorée de photos de l’auteur au travail. Le restaurant offre au menu les recettes issues du livre de cuisine d’Hélène Weigel où les spätzzle aux lardons et à la choucroute rivalisent avec les jarrets rotis où les filets de silure de la spree au herbes et à l’ail. On y trouve même un petit lounge où fumer un cigare et prolonger la soirée dans l’esprit du maître des lieux.


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De l’autre côté du mur du cimetière , une usine en brique témoigne de l’architecture de l’ancien Berlin industrieux que cotoyaient les artistes.


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Que reste t-il du Berlin des années d’or, 1918-1920, Babylone de Brecht et des expressionnistes ? Et de âge d’or des années folles dont l’atmosphère fut magnifiquement rendue dans l’Ange Bleu de Sternberg et qui révéla à Hollywood Marlène Dietrich, future Lili Marlène ?

L’errance dans la ville retrouve des lieux qui connurent une époque révolue mais présente dans le souvenir. Ainsi la Clârchen Ballhaus, salle de danse ouverte en 1913 par un nommé Buhler et immortalisée dans le célèbre roman d’Alfred Döblin Berlin Alexander Platz qui décrivait les bas fond d’un Berlin des années 1925-1930 a été reprise depuis 1967 par Clârchen pour devenir la Clärchen Ballhaus. Dans ce lieu étonnant, au fond d’une cour verdoyante, une vaste salle au mobilier ancien et au plancher de bois patiné par les décennies , tenu aujourd’hui par des jeunes branchés , on danse selon les jours et toutes classes d’âge confondues tango, salsa, chachacha, swing ou danses de salon, on mange, on boit, on écoute un concert de jazz ou de piano, dans un lieu rétro inédit en pleine métamorphose.


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L’âme du Berlin des années 20 persiste dans la culture des cafés berlinois. Ils font partie intégrante de l’art de vivre , leur fréquentation est presque un rituel.


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A Berlin, en maints endroits , les créateurs donnent le ton. On parle d’un mouvement de décroissance, économie de moyens en contestation d’une société aux valeurs mercantile. Pour les tenants de ce courant alternatif, vivre avec un minimum d’objets, en posséder le moins possible permettent de passer du champs de la consommation à celui de la création.Avec le soutien paradoxal de grandes entreprises qui leur louent des lieux altenatif pour l’euro symbolique tel l’ancien grand magasin centenaire devenu KunsthausTacheles, aujourd’hui centre culturel et figure de la marginalité artistique radicale, sorte de monument public au look destroy, véritable attraction touristique paradoxale. Le mot de Tacheles signifie en yiddish « parler sans détour » S’y trouvent plusieurs salles d’exposition et de théatre, de concert, un cinéma et un café restaurant, le Zapata.


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De la grande culture classique à la sub culture libertaire, Berlin qui servit de vitrine à l’idéologie des deux grandes puissances durant les années du Mur, lesquelles se firent face en ce lieu plus que nulle part ailleurs n’ignore pas que sa vraie richesse est sa culture. Depuis les années d’or de a ville jusqu’à ce jour, la fécondité artistique et culturelle, sans cesse en voie de métamorphose, ne tarit pas.


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