Porto (Portugal) : l’austérité des façades et les ors du baroque, Deus in labore



Villes - Lieux de l'Art et de l'errance | Martine Estrade | Literary Garden

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Au ciel de la verrière de la l’insolite librairie Lello et Irmao, s’affiche un vitrail peint d’un forgeron frappant sur son enclume sous devise Decus in labore. Jusque dans les cabinets et salons littéraires, Porto travaille.

Dans ce cabinet de curiosités dédié aux Belles-Lettres, monument historique fondé en 1904, toujours le siège d’une intense activité artistique et commerciale, les rayonnages de bois sculptés envahissent les murs et les recouvrent de livres anciens et modernes dans la tradition la plus éclectique et forme la bibliothèque somptueuse d’un château qui aurait la forme d’un navire.

Au centre, se dresse l’escalier en bois précieux le plus extravagant du Portugal dont le grand huit en double circonvolution rappelle selon l’inspiration, tant les escaliers des vaisseaux des grandes découvertes maritimes portugaises qu’un énorme violoncelle qui se serait enfui de la Casa de Musica, autre joyau architectural, moderne celui-ci, bâti en 2005, et tout proche.

Belles lettres et bons vins se marient bien à Porto, et, près de la fenêtre, l’amoureux des livres peut s’installer dans un fauteuil art déco pour feuilleter une œuvre littéraire au parfum des saveurs des crus du Douro.

Les plafonds, autour de la verrière, en bois sculptés évoquent ceux d’une chapelle Manuéline.

« si beau temple érigé au culte de l’Emotion et de l’Idée » dira d’elle Abel botelho, la librairie Lello et Irmao arbore l’élégance baroque et les symboles de la ville de Porto. Actuelle, elle garde la mémoire du passé, ses fastes restent gravés dans la mémoire culte de Porto.


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Erudite, discrète, Porto masque les ors du baroque de ses églises et les splendeurs de son architecture sous d’austères façades.

Dans la gare de Sao Bento, d’extraordinaires fresques d’azulejos représentant des scènes de la vie populaire portugaise ou la bataille de la prise de Ceuta voient défiler chaque jours des milliers de voyageurs. A Porto , l’art se fait fonctionnel, Porto est laborieuse.

Même si l’anecdote raconte que l’architecte qu construisit la gare en oublia les guichets de vente pour en mettre en valeur le monument et les azulejos.

La Sé, la cathédrale dissimule derrière son allure de forteresse massive granitique un joli cloître orné de voutes gothiques harmonieusement décorées de fresques d’azulejos.


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Aujourd’hui, en continuation de son riche passé, l’école d’architecture de la ville de Porto demeure l’une des meilleures du monde. En témoignent les bâtiments récents de la Fondation Serralves et de la casa de Musica édifices audacieux et énergiques, joyaux blancs illuminant la ville grise.

Dans la ville basse, les façades austères du palais de la Bolsa et de l’église San Francesco ne laissent pas imaginer les splendeurs de la décoration intérieure des monuments.

Ainsi, qui soupçonnerait les ors de l’église de San Francesco, construite en 1245 dans le style roman, aménagée gothique puis décorée baroque au XVII et XVIIIè siècle ? En une luxuriance de bois sculpté ruisselant d’or, une jungle délirante envahit murs, voûtes et plafonds. L’église dû, à l’époque, être fermée au culte. Située dans un quartier misérable, le clergé craignit d’exposer ses 5OO kg d’or décoratif et son Arbre de Jessé en bois sculpté polychrome, un joyaux du Portugal.

A l’abri de son architecture austère de granit gris, de son image laborieuse et opiniâtre, Porto, discrète, érudite et élégante, dissimule la richesse inouïe de ses richesses baroques et les merveilles produites par des générations d’artistes talentueux.


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