Venise, de miroirs et d’eau



Villes - Lieux de l'Art et de l'errance | Martine Estrade | Literary Garden

Lumière crépusculaire, novembre, il pleut. La pluie fine d’une averse d’automne fait briller le dallage de la piazza San Marco. Les flaques renvoient les images des façades s’abîmant sur le dallage mouillé : la basilique, les immeubles de la place.

Sur les murs des salons du café Florian des miroirs, des tableaux qu’une vitre protège de la fumée ; on s’y reflète parfois.

D’une rue à l’autre s’alignent des fenêtres où se projettent les structures, la vie, les formes. On croise son ombre, on devient fantôme dans la minéralité.

Venise - Lieux de l'Art et de l'errance | Martine Estrade | Literary Garden

La lumière tombe, les miroirs s’abreuvent de ténèbres, la ville semble s’engloutir dans un vase aux parois d’eau.

Les bateaux noirs filent sur les canaux en quête de leur amarre ; sur la berge des canaux s’estompent les bruits des pas.

Désormais vouée à la contemplation muette, Venise se laisse couler comme une pierre dans le sommeil de la nuit.

Venise n’est pas une ville nocturne.

Dans une boutique déserte s’alignent des masques baignés d’une lumière blanchâtre.

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Miroirs de miroirs, reflets de reflets, le dôme de la Salute s’imprime sur une fenêtre au dessus de l’un de ces canaux entrelacés. Un canal se glisse entre des demeures silencieuses, un canal qui, ne venant de nulle part se suffit à lui même.

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Miroir, de l’autre côté de la vie, d’où l’on ne revient pas.

L’humidité ouatée écrase toute forme de relief en une espace infini ou l’humain se fait rare. La vue se sépare de tous les autres sens.

L’architecture de Venise, un avant goût de l’éternité.

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